mercredi 20 janvier 2016

Mon année vinique 2015

En ce moment j'ai beaucoup moins de temps et d'énergie à consacrer à la rédaction de mon blog. Je le regrette car en même temps je continue à boire des vins fort intéressants. A défaut d'avoir été actif ces derniers mois je vais essayer de faire un petit bilan de l'année en listant les vins qui m'ont offert le plus d'émotion:

*La mondeuse Côte Pelée 2007 et le jacquère Cotillon des Dames 2011 de Jean-Yves Peron. Deux magnifiques vins dont je vous ai déjà parlé mais qui m'ont beaucoup marqués par leur harmonie, leur équilibre, l'alliance de la gourmandise et de la tenue. Des vins ultra digestes et pleins de vie. Des vins qui démontrent également que les vins natures demandent du temps pour atteindre la grande harmonie.
*Le Crozes Hermitage Le Rouge des Baties 2012 et le St Joseph blanc 2013 de Dard et Ribo. Le rouge représente la fougue du vin sur le fil qui pourrait basculer du côté obscure mais qui en réalité de contente de répandre en bouche des arômes frais et sauvages de fleures violettes, de poivre, d'encre avec la même gourmandise que celle d'un fruit frais. Le blanc, après ouverture était bon. Mais, après 48h d'ouverture (juste bouché dans le frigo), le vin se révèle incroyable de fraicheur, d'équilibre et de longueur en bouche. Cette bouteille, dans 2-3 ans va être incroyable.
*Le Poulsard "sur charrière" 2013 du domaine Labet, dont j'ai déjà parlé ici, m'a vraiment impressionné. Surtout que depuis j'ai bu d'autres bouteilles au même niveau. Un vin léger à l'allonge modeste mais d'une délicatesse et d'une gourmandise incroyable. J'en boirais des litres en dégustant lentement chaque gorgée.
*Dans le même registre mais avec plus de complexité et d'acidité, voilà le plus beau Fleurie que j'ai eu l'occasion de boire: Simone 2012 de Julie Balagny. Ce vin, depuis le début, est magnifique. Mais force est de reconnaître qu'avec un peu de bouteille tout se met en place sans perdre la gourmandise et la fraicheur de sa jeunesse.
*Lors d'un fameux repas chez Josette et Gérard Alonso nous avons eu l'occasion de boire un vin qui n'existe pas. En 98 le père Valette a une cuve qui ne finit pas sa fermentation. Il pense à s'en débarrasser mais Gérard pense qu'au contraire ce vin pourra devenir grand. Il achète alors la pièce afin qu'on laisse au vin le temps de se finir. Après 16 ans le vin a enfin mangé ses sucres et le résultat est hors norme. Uniquement mis en magnum, à l'ouverture le vin est assez oxydatif. La bouche est déjà puissante, tendue et très fraiche. Avec un peu de temps le vin devient plus fin, complexe, harmonieux. La longueur est démoniaque. Le seul inconvénient est qu'après une telle bouteille rien ne peut passer. Je me souviens du Chardonnay 2009 d'Houillon, magnifique au demeurant, qui s'est avéré insipide après ce monument.
*Une autre bouteille à l'harmonie parfaite fut un vin corse: la cuvée Damianu 2012 de Sébastien Poly. La rondeur et la maturité du sud avec la fraicheur et le soyeux du grand vin. C'est très pur sur la cerise (chair, noyau et la queue). Chaque gorgée est différente et malgré sa richesse, ce vin est bu très très rapidement.
*La cuvée Pierre Chaude 2014 d'Eric Pfifferling est un des plus beaux vins issus de sa cave que j'ai bu. Le caractère méridional n'est en rien caché par la macération carbonique. Mais l'ensemble offre actuellement un vin charnu, gourmand et en même temps son comportement en bouche est celui d'une danseuse sur les planches! L'accord avec des pieds et paquets est juste d'école.
*Finalement, peut-être le vin le plus modeste de cette liste. La Bonne Pioche 2011 de Michel Guignier. Quand je bois ça je me demande pourquoi on boit autre chose. Ce simple beaujolais village issu d'un coteau d'altitude offre la gourmandise de la cerise acidulée mangée sur l'arbre et accompagne parfaitement un grand nombre de mets. Encore un vin nature qui ne fait que progresser avec la garde...

La conclusion de tout ceci est que les vins natures, contrairement à ce que l'on peut penser a priori, demandent du temps pour atteindre l'harmonie parfaite. Ils se stabilisent, s'épurent et comme tout autres vins se complexifient. Je pense même que ces vins vieillissent mieux que des vins protégés par le soufre. En effet, sur les terroirs modestes, ces vins prennent souvent des arômes confits. A terroir égal un vin nature (sans soufre ajouté donc) à condition que la vigne soit bien menée et que le vigneron fasse un élevage assez long, sera souvent moins fragile et vieillira presque toujours sans perdre sa fraicheur.

9 commentaires:

  1. J'aime beaucoup votre bilan.

    Pour moi, le Prologue de Ducroux m'a surpris en 2015, demeurant fraîche en vieillissant.

    RépondreSupprimer
  2. Moi aussi j'ai bu beaucoup de Prologue 2014 durant toute l'année. Toutes les bouteilles furent bonnes (voire très bonne) sauf les deux dernières (fin 2015). Il m'en reste 2, je verrai. Sinon notez que Ducroux n'a pas fait de beaujolais nouveau en 2015!

    RépondreSupprimer
  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  4. Ayant lu votre commentaire, j'ai ouvert une bouteille de Prologue 2014 hier soir. Elle était très décevante, avec un goût de cacahouette. Il m'en reste 1.

    En revanche, une bouteille de Patience 2010 était une vraie merveille plus tôt dans la semaine.

    RépondreSupprimer
  5. Nous sommes donc malheureusement d'accord. Regoûter ce vin dans quelques mois sera une expérience intéressante (mais peut-être pas très agréable!).
    Pour Patience je n'ai bu que le 2011 il y a deux mois et elle n'était pas très bonne. C'est un vin difficile à trouver. Où l'avez vous acheté?

    RépondreSupprimer
  6. Le caviste à New York, Chambers Street Wines, où j'achète la plupart de mes vins, est l'importateur de Ducroux (et de Vignes du Maynes, Gonon, Clos du Rouge Gorge et Guion). La vente de Patience 2010 était limitée à deux bouteilles!

    J'ai maintenant ouvert ma dernière bouteille de Prologue 2014, avec exactement ce même goût de l'huile de cacahouette. J'ai rencontré ce goût dans des bouteilles de Chamonard 1997 et de Cavarodes Trousseau 2013. Je soupçonne qu'il est un défaut de certains vins natures. Comme le Prologue n'est pas cher, je suis content de prendre le risque, mais le Cavarodes m'a coûté $40.

    RépondreSupprimer
  7. Pierre Chaude 2014 est magnifique! Une bouteille de Clos du Rouge Gorge Jeunes Vignes 2012 a souffert en comparaison. Avez-vous goûté les 2013 de Cyril Fhal?

    RépondreSupprimer
  8. Non, je n'ai rien bu de chez Cyril depuis le millésime 2012. Sinon le goût d'huile de cacahouète que tu peux ressentir en final sur certains vins est un défaut que l'on appelle "le goût de souris". On trouve régulièrement ce défaut dans les vins natures (sans soufre ajouté) et aucun domaine n'y échappe. C'est particulièrement le cas pour les vins pas assez stabilisés (élevage trop court) mais certains vins sont assez solides pour passer cette mauvaise phase. C'est le principale risque lorsque l'on achète ces vins même si l'on en parle peu. Ceux qui rajoute du soufre, même très peu comme Pfifferling ou Souhaut, évitent ce défaut.

    RépondreSupprimer
  9. Deux bouteilles de Montrieux Verre des Poètes 2011 ont recemment eu ce goût de souris aussi. J'ai commencé d'encaver plutôt ces vins qui ont très peu de soufre - comme ceux de Pfifferling, Baudry, Texier, Descombes et Lapalu.

    Peut-être vous connaissez la cuvée Morgon Tradition de Pignard? Ella n'a que 10mg du soufre aussi, et évite le défaut. Je l'aime beaucoup.

    RépondreSupprimer

Rechercher dans ce blog