Côte-Rôtie 2008 cuvée "Terroir" de René Rostaing:
La Côte-Rôtie n'est ni plus ni moins qu'une des appellations françaises les plus
prestigieuses. Des coteaux surplombant le Rhône au-dessus d'Ampuis vraiment impressionnants.
Ce terroir exceptionnel offre à la syrah, cépage d'une grande noblesse, une de
ses plus belles expressions où la finesse et la longueur sont les maîtres mots.
Pourtant cette appellation a failli disparaître après guerre lorsque les
abricots rapportaient plus que la vigne, si difficile à travailler sur ce territoire abrupte.
Mais un vigneron, Guigal, avec le parti pris de faire des élevages très long en
bois neuf permettant d'obtenir des vins d'une richesse et d'une longueur impressionnante
sur des parcelles extraordinaires (La Landonne, La Mouline puis plus tard la
Turque), a remis les vins de Côte-Rôtie sur la table des amateurs les plus exigeants du
monde entier. Parker, sur les millésimes les plus solaires, met régulièrement
la note de 100/100 aux grandes cuvées de Guigal. Cette nouvelle dynamique a
évidemment profitée à tous les vignerons du coin qui vendent de plus en plus
facilement des vins de plus en plus chers! Si tous ne suivent pas le modèle de
Guigal dans la démarche en cave, il est toutefois difficile de trouver des
belles Côte-Rôtie exprimant un fruit libre sans boisé. René Rostaing est à ce
titre considéré comme un sage; un de ceux dont les vins expriment le mieux leur
terroir, sans maquillage. Pour avoir souvent rendu visite à ce vigneron je sais
que celui-ci ne se cache pas d'utiliser du bois neuf, mais avec parcimonie. De
même, afin de garder la pureté aromatique le soufre est systématiquement
utilisé (alors que d'autres pensent exactement le contraire...). René Rostaing est donc, dans un certain sans, un vigneron
conventionnel.
Cette Côte-Rôtie 2008, issue d'un millésime
quasi-catastrophique est le résultat d'une vraie prouesse de la part du
vigneron. Elle offre en effet une matière fine mais longue et sans creux. A table
le vin accompagne très bien une entrecôte. L'appellation est bien représentée
avec des notes de violette, de zan, de petits fruits rouges mais reconnaissons
que malheureusement, en particulier au nez, le bois est loin d'être discret. Au
final, même si le plaisir est présent, ce vin offre le profil du vin qui coute
cher; il faut le servir à quelqu'un à qui l'on veut faire penser que sa
présence nous honore ;-)
Il est toujours difficile de juger un vin; je n'arrive pas
à savoir par exemple si j'aime ce vin ou pas. Son comportement à table me
plait; en dégustation pure le bois me dérange beaucoup. Le seul critère
objectif que je connaisse est la vitesse à laquelle la bouteille se vide. Là,
force est de constater que cette vitesse est plutôt faible (bouteille toujours
pas finie après deux repas). Dans un même registre, la semaine dernière avec ma
femme nous nous sommes "disputé" le dernier verre du Saint Joseph moins "conventionnel" de
Souhaut...
Présentation très classe à tous les niveaux pour ce beau vin.
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