Hier soir un ami amateur de vins et de bonne chaire vient
manger à la maison. C'est l'occasion d'envoyer du lourd. Lui apporte le blanc
et moi le rouge. Il y a quelque temps que j'ai cette bouteille de Clos Saint
Jacques 2001 de Rousseau: domaine mythique sur un de ses terroirs de
prédilection. 2001 n'est pas une grande année en Bourgogne, les maturité ont
été difficiles à obtenir. A priori la
conséquence sont des vins un peu acide mais peut-être plus rapidement prêt-à-boire
que sur des millésimes de grande concentration. Donc, pour accompagner des
pigeons et risotto (fèves, petits pois et morilles), je choisi ce vin.
Mais avant nous boirons un blanc avec un plateau de fromage
de chèvres (plus ou moins frais). Pour cette occasion le blanc qui m'est servi
à l'aveugle offre une robe bien évoluée, très dorée. Le nez d'abord très
exotique me fait partir vers des contrées orientales (Riesling en Allemagne ou
Autriche). La bouche est très riche et manque un peu de nerf en finale. On
carafe le vin. Les arômes s'affinent alors considérablement et la bouche se
tend tout en restant puissante et longue. Je propose alors un Chavignol des
années 90 sans m'avancer sur le domaine: Clos de Beaujeu 96 de Boulay (je fais un peu le beau là! mais pour une fois que je trouve...). Un très
beau vin qui démontre une fois de plus la capacité de vieillissement de ces
Chavignols (pas les fromages!).
On passe ensuite au rouge. Autant le dire tout de suite,
nous avons été déçu. En effet même si nous voyions que nous avions à faire à un
grand vin concentré, très équilibré avec des tanins soyeux et une longue finale,
la magie des grands bourgognes était absente. Le fruit était légèrement confit,
le bois encore un peu présent et le manque de fraîcheur regrettable pour un vin
septentrional de ce calibre. De plus le nez était en retrait. L'accord avec le
plat était tout à fait satisfaisant, mais le plaisir venait plus du
plat que du vin.
Je me pose tout de même de plus en plus de questions
concernant ces "grands" vins. Il me semble parfois que les vignerons
ayant peur de l'imperfection ne se donnent pas la liberté nécessaire pour
obtenir des vins d'émotion.
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