Bon, je le sais, ce blog n'est plus vraiment actif. J'en suis désolé mais il est vrai que répéter à longueur de temps que j'adore les vins de Christian Ducroux, de Julie Balagny, d'Eric Pfiferlling, de Jean-Yves Peron... même si ma passion est intacte, j'ai l'impression de ne plus rien à apporter car au final les énormes découvertes restent rares. Là je reprends la plume car je suis parti pour un voyage à long terme (plusieurs mois) à Tokyo. J'expérimente donc de nouveaux endroits et même de nouveaux vins.
Cela fait un petit mois que nous sommes ici. Il a dans un premier temps fallu prendre nos marques autant au niveau de la vie personnelle, que du travail. On commence maintenant à vivre de façon plus posée, c'est à dire à aller au resto et même à acheter du vin que l'on boit à la maison après avoir cuisiné.
Côté restos, dont le vin nature est l'élément de base, nous en avons fait deux. Pour commencer le
Cinquante-Cinq à Yoyogi Uehara. Cet établissement est composé d'un tout petit bar au rez-de-chaussée, et d'un resto sur les deux étages. L'immeuble est tout petit et la hauteur sous plafond du dernier étage est clairement inférieure à 2 mètres. Le service est totalement dévoué, et c'est d'autant plus important qu'il n'y pas de carte en anglais. Même le nom des vins est écrit en katakana!... On prend donc plutôt du vin au verre choisi à partir de bouteilles qui nous sont présentées; de jolis vins natures français provenant de divers régions. La cuisine est d'inspiration française mais la touche locale est évidente. C'est très bon, assez fin et plutôt gourmand. Pour un peu plus de 10.000 yens on se régale à deux.
Autre adresse qui m'est apparue encore plus pointue (nous y sommes allé 2 fois), le
Urura à Shibuya. Ici aussi la cuisine est d'inspiration française mais en même temps elle me semble plus personnelle, plus inspirée. De même pour les vins la sélection est exceptionnelle. La première fois nous avons choisi un vin orange japonais (Coco Farmer) et un superbe Gamay de Savoie du domaine du Perron avec un nez d'une complexité assez incroyable! La seconde fois un superbe blanc du Roussillon des Foulards Rouges suivi par un magistral Racine 2012 des Courtois. L'accord avec le boeuf japonais (pas de Kobe mais néanmoins top!) était juste parfait. C'est le même prix qu'au 55, mais avec une qualité des vins indiscutablement supérieure.
Ensuite, les restos c'est très bien mais on ne peut, ni ne veut y aller tous les jours. En même temps il est vrai que l'on peut profiter de ce type de voyage pour changer ses habitudes; en l'occurrence lever un peu le pied au niveau de la consommation de vin. Mais je dois l'avouer, il est pour moi difficile de ne boire uniquement au restaurant. Pourtant, à Tokyo, s'il existe de nombreux restaurants offrant de superbes cartes des vins, il est difficile de trouver des cavistes autre que des choses très classiques. Sans doute les japonais consomment-t-ils le vin à l'extérieur et très peu chez eux. Globalement on m'a dit qu'ils ne recevaient quasiment jamais; donc sans doute peu d'occasion d'ouvrir du vin.
Après une recherche assez assidue sur le net j'ai trouvé une adresse qui me semblait bien.
The Wine Store à Naka-Meguro: le magasin est constitué d'une petite pièce climatisée (froid!) dans laquelle sont exposées les bouteilles, puis d'une autre salle avec un petit bar et une petite cuisine dans laquelle, j'imagine, à certaines heures on peut manger... Ici, pour un prix cohérent (pour le Japon à savoir de l'ordre de 50% plus cher qu'en France), on peut trouver des vins du Jura (Etienne Thiebault), de Savoie (JY Peron), du Beaujolais (Guignier et Métras)... et du vin japonais.
En particulier, lors d'une petite dégustation au
Farmer Market d'UNU (United Nation University), nous avions gouté le
Vino Rosso Naked 2016, version n°4 (drôle de nom pour un vin japonais). Il n'avait alors pas été possible d'en acheter, mais ce dernier est finalement dispo au Wine Store. Le vin affiche 9° d'alcool avec une robe très claire (limité rosée). Le nez est bien aromatique, floral et fruité mais différent de ce que je connais. Ce vin est en effet issu de cépages locaux (blancs et rouges) d'une vigne de Yamagata, une petite ville au nord de Tokyo non loin de Sendai ni de Fukushima... La bouche est évidemment légère, très désaltérante avec un côté grenadine et le vin va très bien à table même sur des plats épicés. Mais qu'on ne s'y trompe pas, c'est vraiment du vin avec une belle persistance en bouche. Ce n'est pas donné (3500 yens, soit 30euros) mais dans le contexte local ce n'est pas absurde.
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La robe légère de ce vin japonais s'accorde bien avec cette soupe miso faite maison (ma femme ayant suivi un cours de cuisine japonaise). |
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Le Vino Rosso Naked 2016 de Grape Republic. Il s'agit de l'association d'un japonais avec un œnologue néo-zélandais. |